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samedi 8 décembre 2012

Refondation, refondation

"Refondation" est un joli concept.
Pour les uns synonyme d'espoir de voir enfin s'élaborer une autre école, pour les autres synonyme d'anxiété de voir remis en cause ce qui apparaît comme des acquis incontournables.

Aujourd'hui l'espoir de refondation réelle parait utopique ; les anxieux font tout pour freiner toute évolution.

Le SNES est vent debout pour faire entendre ses craintes -ou ses menaces-.
Dans leur pétition à Vincent Peillon, le Snes et ses amis du Snep et du Snuep, se disent "déterminés" "à ne pas [se] laisser imposer ce [qu'ils considéreraient] comme des remises en cause majeures de ce qui fonde [leur] identité professionnelle." "Toute mesure conduisant à rompre l'unité du second degré" sera également combattue, comme une "solution paresseuse".

Ces syndicats corporatistes considèrent comme une donnée a priori, un postulat définitif, le fait qu'il existe un premier degré et un deuxième degré. Réfléchir à une autre logique d’organisation entre l'école primaire et le second degré est un tabou absolu. C'est une solution paresseuse.
Comment - on peut se le demander - peuvent cohabiter dans une même structure (FSU) des syndicats aussi jaloux de leur identité et dont la seule identité justifie leur prise de position ?
Dès lors, il leur est impossible d'imaginer une solution qui remettrait en cause les différents statuts, par nature et pour l'éternité immuables.

Ils ont été tellement entendus par le ministre que nulle part dans le projet de loi d'orientation, il n'est question de bouger du plus petit iota ces inébranlables statuts.

C'est un roc qui a été édifié en 1950.

Et pourtant ces statuts loin de nous protéger nous emprisonnent, voire sont à la source d'une grande partie de nos maux.

On est PLP : on n'est bon qu’à enseigner en lycée professionnel. On est certifié : on n'a pas à enseigner en classes professionnelles. On est agrégé, on a le droit de travailler moins et gagner plus. On a raté l'agrégation, on est frustré à vie, mais avec le secret espoir d'être un jour agrégé. On est PLP, on a hâte d'échapper aux LEP en devenant certifié. On est professeur des écoles, on n'est pas capable d’enseigner en 6e. On enseigne en 6e, on est capable d’enseigner en terminale. On est PEGC, on est capable d’enseigner deux matières en 3e. On est certifié, ce serait déchoir que d’enseigner une 2e matière... Mais on a devant soi les mêmes élèves et le même programme. On est contractuel, on fait ce qu'on vous demande de faire... Il y a vingt ans, on a étudié en classes prépa, (mais raté l'école normale supérieure) on préparera toute sa carrière ses élèves à l'agrégation. Et l'on refuse le socle commun car vraiment c'est un nivellement par le bas.

De jour en jour, les tâches nouvelles s'ajoutent à ce qui caractérisait le métier il y a 62 ans. Sans arrêt, il faut inventer des bricolages pour les faire accepter. Les HSE sont le moyen utilisé quand c'est possible pour résoudre ces incohérences.
Mais cela ne peut permettre de répondre à d'autres besoins : comment vraiment se concerter par équipe disciplinaire, par équipe pédagogique ; comment vraiment mener à bien des projets, comment mettre fin à cette solitude du professeur dans sa classe, assailli par les injonctions d’enseigner autrement sans qu'il ait vraiment les moyens matériels de le faire ?


Comment des syndicats peuvent-il faire passer comme priorité absolue le maintien des statuts quand de toute évidence, tout le monde gagnerait à les voir évoluer ?

Rêvons d'être entendu : 

Demandons à notre ministre d'envisager une réforme courageuse, ambitieuse, qui passerait par une redéfinition de nos statuts ; allons vers un corps unique "toute tâche comprise" ! 

Mais demandons aussi de solides compensations financières, essentielles car nos métiers sont essentiels et pour que l'ensemble de la profession accepte ces réformes d'envergure.

2 commentaires:

  1. Bravo pour synthèse de nos problèmes. Dommage que nous n'ayons que peu d'espoir de les voir traiter par notre ministre engluer avant même de s'envoler par l'oiseleur snes.

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  2. Notre ministre semble disposé enfin à écouter les propositions du Sgen !
    (http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20121210.AFP7375/education-peillon-pret-a-une-grande-negociation-sur-le-metier-de-prof.html)

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