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vendredi 17 septembre 2010

"Le rapport qui contredit Chatel"

La presse a révélé un rapport de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale riche d'enseignements ; il révèle les dysfonctionnements invisibles masqués derrière une rentrée qui semble techniquement bien organisée. Or ceux-ci annoncent de grosses difficultés.
Le passage de la revue de presse (10 septembre 2010) de Philippe Watrelot dans les Cahiers pédagogiques, résume parfaitement le contenu du rapport que l'on peut trouver intégralement sur Mediapart.

"Le rapport qui contredit Chatel
Les muets parlent.
D’habitude, on les entend relativement peu même si, en principe, leur position hiérarchique leur permet une certaine indépendance et liberté d’analyse. L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) publie un rapport repris par Le Monde, L’Humanité et Médiapart (qui le publie in extenso) . Et ce rapport, qui porte sur la rentrée, risque de faire du bruit. Car il contredit avec vigueur et rigueur les déclarations lénifiantes du Ministre. Si la rentrée 2010 est "techniquement réussie", ses choix budgétaires "préparent assez peu" les années à venir qui doivent être marquées par la poursuite des suppressions de poste, écrit l’IGAENR. D’abord, "la baisse des moyens de remplacement laisse sceptique", alors que "la situation est déjà difficile". Dès cette année, soulignent les hauts fonctionnaires, la rentrée dans le second degré s’annonçait comme un sacré casse-tête, sachant que "les recteurs devaient accueillir 25 000 élèves en plus avec l’équivalent de trois ou quatre mille emplois en moins". Comment l’administration a-t-elle réussi ce tour de force ? Principalement en faisant "payer la facture" à certains collèges, où le taux d’encadrement a été "dégradé", ou en supprimant des "emplois de remplacement". Cette question du remplacement des enseignants "interpelle" particulièrement les auteurs du rapport qui jugent ce choix budgétaire "partiellement insincère et coûteux", les rectorats multipliant les recours à des vacataires pour boucher les trous (+ 31 % par rapport à l’année 2008-2009 !), creusant ainsi "le déficit de masse salariale". Les inspecteurs généraux sont par ailleurs très sceptiques sur l’idée de Luc Chatel qui entend régler le problème du remplacement en faisant appel aux étudiants vacataires et aux néoretraités de l’éducation. Exemple au rectorat de Paris : "Les courriers adressés pour les inviter à faire acte de candidature ont remporté un succès qu’on peut qualifié de modéré : quelques réponses chez les étudiants, une seule chez les retraités.". Et les IGAEN insistent fortement sur la gestion “sous tension” et à flux tendu de l’administration à tous les échelons que ce soit pour les remplacements ou les effectifs dans les classes.
Le ministère ne fait "aucun commentaire" sur ce rapport, qualifié de "confidentiel". Qu’on l’ait fait “fuiter”, est, en soi, une information sur l’état de tension de l’école aujourd’hui. Et sur le malaise des cadres de l’Éducation Nationale
Quand on discute aujourd’hui avec des cadres intermédiaires de l’Éducation Nationale (proviseurs, inspecteurs,…) ou qu’on entend les discours de certains hauts fonctionnaires (Recteurs, IG, Directeurs,…), on se rend bien compte qu’il leur est de plus en plus difficile d’être optimiste. Malgré le devoir de réserve, c’est bien le pessimisme qui transparait ainsi que la difficulté à assumer les contraintes fortes qui pèsent sur leurs missions. Et le sentiment d’assister à la transformation assez brutale, au nom d’impératifs budgétaires, du système éducatif. Sans qu’il n’y ait véritablement de ligne directrice et de réel projet." Philippe Watrelot

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