MISSION SGEN-CFDT AU MAROC
Le Sgen-CFDT a assuré du 11 au 16
décembre auprès de plusieurs établissements français au Maroc et du SCAC de
l’Ambassade de France. Elle était conduite par Alain Schneider, secrétaire
général du Sgen-CFDT de l’étranger et Vincent Bernaud, secrétaire national de
la Fédération des Sgen-CFDT.
Le Sgen-CFDT remercie toutes les
personnes rencontrées pour l’excellent accueil qui lui a été réservé.
1- La mission a débuté lundi
11 décembre, au GSU la Fontaine où Pascal Dupuis (Sgen-CFDT Lyautey) et Alain
Schneider se sont entretenus avec le chef d’établissement, Emmanuel Brouette
puis avec quelques collègues ; l’après midi la visite au lycée Paul-Valéry
de Meknès a permis de rencontrer le chef d’établissement, Laurent Arbault et
d’échanger avec des collègues, notamment la DAF Sabine Pracial et le délégué
UMT.
Mardi matin 12 décembre au lycée Descartes de Rabat, une HMIS a été
animée par Alain Schneider et Vincent Bernaud, plus particulièrement en charge
des questions éducatives mais aussi statutaires au sein du Sgen-CFDT. Puis
Marie-Noëlle Tison, la chef d’établissement, en charge de ce grand
établissement depuis septembre en compagnie du proviseur adjoint, Olivier Le
Goff a reçu la délégation à laquelle se sont joints Lionel Lorrain (Sgen-CFDT
Descartes) et Claudine Hérody-Pierre (Sgen-CFDT Maroc).
L’après midi, l’équipe s’est entretenu au SCAC avec Michel Houdu le
conseiller culturel adjoint en charge du réseau scolaire français et Ibrahim
Conté, son adjoint.
Mercredi matin 13 décembre, la mission s’est rendue au GSU Claude-Monet
de Mohammedia pour un entretien avec Richard Buty, le principal, accompagné du
directeur de l’école, Serge Germano Carreira et une heure syndicale. L’après
midi, 3 heures de formation ont regroupé des adhérents du Maroc au lycée
Lyautey de Casablanca : il a été question du PPCR, de l’AEFE et des échanges
fructueux ont eu lieu entre les participants et les animateurs.
Jeudi matin 14 décembre, la délégation a rencontré au lycée Lyautey de
Casablanca le chef d’établissement, Claude Thoinet et le DAF, Benoit Cheminal ;
puis des collègues dans le cadre d’une heure syndicale et au moment du repas de
midi.
L’après midi, elle s’est rendue au collège Anatole-France à la
rencontre des collègues et du principal, Franck Bellanger.
Vendredi matin 14 décembre, elle s’est entretenue avec le chef d’établissement
du lycée Victor-Hugo de Marrakech, Hervé Magot, ainsi qu’avec des collègues
venus dans le cadre d’une heure syndicale. La visite s’est terminée à
l’institut français où nous avons échangé avec le directeur, Christophe Pomez et rencontré
plusieurs membres de son équipe, dont le délégué du personnel UMT.
Samedi, Alain Schneider et Claudine Hérody-Pierre invités au colloque
CFDT-UMT ont pris part à la dernière table ronde consacrée à la question de la
grève, notamment au Maroc. Ils ont eu un échange avec El Miloudi El Mokharek,
le secrétaire général de la Centrale marocaine, et sont convenus de se revoir.
2- Rencontre avec M. Houdu,
conseiller-culturel adjoint et M. Conté, son adjoint.
M. Houdu nous présente l’évolution du réseau d’enseignement français au
Maroc : le nombre d’élèves scolarisés augmente mais essentiellement en
dehors des EGD de l’AEFE, ce qui est conforme au plan adopté il y a deux ans.
En leur sein, le nombre d’enfants français, souvent binationaux, grandit, leurs
parents s’installant dans la durée dans le pays. Aucune ouverture de nouveaux
établissements mais un soutien clair à l’État marocain dans l’ouverture de
sections internationales qui sont désormais plus de 500 et dont la quasi-totalité
repose sur la langue française.
Nous abordons d’emblée le sujet
des EMAD, professeurs du MEN marocain mis à la disposition pour savoir où
en est le travail de refonte de la convention franco-marocaine ? Nous
soulignons le sentiment d’insatisfaction de beaucoup d’entre eux se sentant à
part dans les établissements. Nos collègues s’interrogent sur leurs droits, par
exemple leur droit de faire grève, sur le montant de leur prime. Ils souffrent
d’une surcharge de travail dû au fait que les chefs d’établissement pour
assurer que les élèves aient un professeur ont réduit le nombre d’heures
d’arabe et augmenté les effectifs dans les groupes. De plus, la question de la
prise en charge des frais de scolarité de leurs enfants scolarisés dans
l’établissement reste en suspens.
M. Houdu nous répond que beaucoup de postes d’EMAD restent non pourvus notamment
à Casablanca et Rabat, parce que les académies marocaine d’origine refusent le
détachement. La convention franco-marocaine n’est pas réellement
renégociée ; en revanche il y a eu récemment une rencontre entre les deux
parties qui a débouché sur une déclaration d’intention relative au cadre
horaire, à l’approche par compétence mais ne disant rien des modalités
concrètes de leur fonction. Conformément au droit marocain, ces enseignants
sont recrutés sur des contrats de 3 ans renouvelables une fois. Pour M. Houdu,
les primes sont attractives et évoluent au gré de l’inflation. Ce qui est moins
attractif, ce sont les emplois du temps qui ne peuvent pas être aussi groupés
que dans leur ministère d’origine. Ils disposent du droit syndical et notamment
le droit de grève mais doivent rendre des comptes à leur employeur. Pour leurs
enfants, l’idée d’une aide à la scolarité est généreuse mais peu viable :
que se passera-t-il pour eux au moment du retour dans le système
marocain ?
Le Sgen-CFDT attaché à une
priorité donnée à la langue du pays et à la qualité de son enseignement
s’enquiert de la question de l’enseignement de l’arabe, du rôle et des moyens
du CEA.
M. Houdu indique que le CEA doit gérer la mise à disposition des
collègues et leur formation. Il a aussi pour mission de créer des outils
pédagogiques. Il est cependant nécessaire que cette dernière tâche se
professionnalise pour offrir plus rapidement des manuels à jour. Une convention
est signée le 18 décembre avec un éditeur marocain. L’objectif très clair
désormais est de rendre l’enseignement de l’arabe attractif pour tous les
élèves, notamment pour les moins arabophones. De nombreux enseignants ont du
mal à s’adapter au système français et le CEA est chargé de les former, mais
c’est un travail difficile. Les demandes de dérogation pour ne plus faire
d’arabe sont élevées.
Nous voulons savoir quelles
sont les conséquences sur le Maroc des restrictions budgétaires.
21 postes supprimés cette année, soit 5 à 6 % du corps des résidents en
moins, sachant que le Maroc pèse pour 10 % du réseau mondial. Si de nouvelles
fermetures sont prévues, on ne pourra plus
tabler uniquement sur les postes non pourvus, car il faut tenir compte
du vivier local.
Le Sgen insiste sur le fait que les personnes concernées doivent
absolument être informées au plus tard avant la fin de l’année scolaire
antérieure et non pas seulement en se limitant aux 6 mois réglementaires.
Nous soulevons le problème de la formation des recrutés locaux. M.
Houdu pense qu’il faudrait agir sur la formation initiale pour former des gens
qualifiés capables de bouger dans tout le réseau. Ce n’est pas uniquement au
niveau local qu’il faudra les former.
À propos des contrats locaux nouvellement recrutés, se pose au Maroc le
problème du contrat de travail que seul un résident peut obtenir. M. Houdu
pense que s’il y a la volonté, on peut négocier avec les autorités marocaines
pour trouver des solutions. De fait, il peut y avoir des TNR par choix.
D’après lui, une réflexion doit être menée au sujet de l’AEFE : à
quoi sert un établissement français à l’étranger. Il convient aussi de s’interroger sur la
place de la coopération. Les EEMCP2 jouent aujourd’hui ce rôle.
À leur sujet le Sgen-CFDT regrette l’ambigüité de leur place dans les
établissements où d’un certain point de vue, en ayant pour mission la
formation, l’innovation pédagogique, ils éteignent les initiatives des autres
enseignants, dont beaucoup sont très compétents.
Nous ajoutons qu’il faut sans doute rouvrir un cycle de négociation sur
l’avenir de l’AEFE mais qu’il faut absolument maintenir un opérateur public
pour éviter de transformer l’AEFE en une autre MLF.
Les répercussions des
restrictions financières ont un impact évident sur le dialogue social. Mais
celui-ci, comme le Sgen-CFDT Maroc l’a demandé, peut aborder de nombreux autres
sujets comme établir un bilan social qui permettra de mieux connaitre les
personnels sur lesquels on agit pour améliorer leurs conditions de travail,
souligne M. Conté.
Qu’en est-il de l’avenir des
classes d’enseignement professionnel ?
M. Houdu nous rassure d’emblée : on peut recruter des élèves pour
la seconde pro de l’an prochain. Le SCAC estime qu’il y a un vrai besoin d’une
voie professionnelle composée de fait de 2/3 d’élèves français. Même si le bac
pro tertiaire n’est pas le plus porteur en France, il permet de trouver au
Maroc des emplois pour ceux qui ne poursuivent pas d’études : les
bacheliers parlent très bien le français, ont des notions de comptabilité et de
gestion, cela intéresse les employeurs. Cela n’empêche pas de mener une
réflexion pour d’autres solutions dans le cadre de la coopération, par exemple
dans l’hôtellerie.
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