Pages

vendredi 8 juillet 2016

Dématérialisation des copies, correcteurs dématérialisés ?



Samedi 18 juin matin : expérience de correcteur.
Après cette deuxième expérience de correcteur d’un bac dématérialisé, en histoire-géographie, je ne peux que faire le constat d’une déshumanisation croissante.
Je ne suis en rien hostile au fait que les copies soient dématérialisées, et que je doive travailler sur écran. Je constate, comme l’an dernier, que techniquement, le logiciel est globalement au point, et que les conditions de travail du correcteur ne sont pas dégradées physiquement ou matériellement.
Le travail administratif en est allégé et c'est tant mieux !

Cependant, les conséquences dans ma discipline ici au Maroc sont à mon sens problématiques.

Je constate que nous n’avons été consultés à aucun moment. A aucun moment nous n’avons pu entre collègues de plusieurs établissements confronter nos points de vue, réfléchir ensemble.
Aucun point à mi-parcours n’a été fait. Sauf le fait de voir le diagramme se compléter au fur et à mesure des corrections de mes collègues.
Aucune harmonisation n’est annoncée.
Aucun message de collègues sur le forum. Aucune polémique. Aucun ressenti.



Est-ce à dire que la correction du bac ne nous informe pas sur nos élèves, sur nos enseignements, sur la nature des épreuves, sur la nature des thèmes au programme ?
Est-ce à dire que l’on nous fait confiance ? ou qu’au fond tout cela n’a aucune importance. 

Dimanche 26 juin midi, un message nous arrive sur le forum, titré : phase d'harmonisation. Cela fait plus d'une semaine que nous corrigeons, toutes les copies ont été pratiquement corrigées, la moyenne générale oscille autour de 10 depuis très longtemps, et l'on nous demande maintenant d’harmoniser.


Répétons-le : je n'ai rien contre une harmonisation ; je n'ai rien contre valoriser les efforts ; je suis consciente de l'importance de la note de ma discipline pour la section ES ; je trouve tout cela parfaitement justifié. Je ne me rebelle pas non plus contre l'injonction de revoir les copies.

Ce que je critique ici, c'est le fait que nous n'avons été conviés à aucune commission d'entente ; que nous n'avons pendant une semaine reçu aucune information (sauf les consignes de correction assez vagues au tout début) ; qu'aucun échange ne s'est déroulé ; et que une semaine après, on nous demande de revoir les copies, copies que plusieurs d'entre nous avons déjà relues au moins une fois (c'est mon cas).
C'est alors seulement que le forum s'est animé et que les correcteurs ont donné leurs impressions sur les copies.

L'AEFE se glorifie de cette révolution technologique, "Un gain de temps considérable pour les correcteurs qui peuvent en outre échanger avec les autres professeurs via une messagerie instantanée. Un bon moyen d’harmoniser les notes. "
C'en est une, indubitablement pour toute la gestion administrative ; également pour les établissements dispersés dans le monde ; très bien de voir les moyennes, les répartitions de notes.

Mais, dans le contexte marocain, il ne faut pas abandonner les pratiques passées : il faut maintenir une commission d'entente avec tous les correcteurs (en deux temps pourquoi pas : quelques correcteurs échangent avec l'IPR, chargés de mission et EEMCP2 ; à leur tour, ils réunissent leur équipe et réfléchissent ensemble ; ou mieux encore, dans l'ordre inverse : les collègues appelés à échanger avec l'IPR réunissent en amont leur équipe et font remonter les avis qui se sont dégagés ; ensuite, les consignes officielles sont données), ainsi que mener une harmonisation au fur et à mesure de manière transparente et active.

Décidément, oui aux copies dématérialisées, mais non aux correcteurs dématérialisés !

N'hésitez pas à faire part de vos expériences en rédigeant un commentaire...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire