Blog de la reconstruction de l'école (Sgen-CFDT)
Désintox de la semaine : le corps unique
Corps unique : attention danger ?
Pluralitas non est ponenda sine necessitate
« Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité. »
Guillaume d’Ockham (1285-1347)
Au détour d’une négociation au Ministère
ou à l’approche des élections professionnelles (les prochaines se
tiendront en décembre 2014) resurgit le grand méchant loup : le corps
unique.
Avant toute chose, ne nous voilons pas
la face, le corps unique est une revendication historique du Sgen-CDFT
car, pour nous, le métier enseignant est un métier unique qui peut
s’exercer dans des conditions différentes.
Enseigner en milieu rural ou en banlieue
(entendez Neuilly ou Vaulx-en-Velin), ce n’est pas la même chose.
Enseigner en CPGE ou être en complément de service sur un collège et un
lycée, ce n’est pas pareil. Enseigner dans une classe unique ou en
petite section, ce n’est pas pareil.
Le corps unique n’est pas un
Frankenstein qui dévorerait tout crus de malheureux enseignants soumis à
l’arbitraire de l’administration qui enverrait des PLP indus’ dans les
CPGE ou des agrégés de philo’ en petite section (des ateliers philo en maternelle ? ça se fait, et ça marche!).
Le corps unique, c’est peut-être la fin
du syndicalisme corporatiste ou du syndicalisme de la peur, mais ce
n’est pas l’abolition de toute différence entre enseignants.
En effet, il faut distinguer la forme du fond.
La forme c’est, aujourd’hui, l’exigence du niveau master
pour tous les nouveaux enseignants qu’ils se destinent à enseigner aux
tous-petits comme à la sacro-sainte élite. Cette exigence ce devrait
être celle de professionnels de l’éducation, de la didactique et de la
pédagogie avant d’être des spécialistes d’une discipline (placer la
discipline avant tout, c’est quand même dénier aux PE ou aux PLP une
part de leur professionnalisme, eux qui sont au minimum bivalents dans
les matières générales).
Le fond, ce sont les différences tant
dans les pratiques que dans les modalités et les conditions de travail
selon de multiples aléas : territoire, catégories
socio-professionnelles, collectivité de rattachement, taille de l’école
ou de l’établissement… C’est la fonction qui devrait permettre de
moduler le temps de service et la part variable de la rémunération (qui
représente chez les enseignants une part infinitésimale du revenu) pas
le concours (parlez-en aux agrégés TZR depuis 10 ans affectés
essentiellement en collèges sensibles).
Il convient encore d’ouvrir les yeux sur
un monde qui change et sur une réalité de plus en plus prégnante : le
temps des carrières linéaires est révolu. Il ne s’agit pas de débattre
pour ou contre, c’est un état de fait. Le syndicalisme doit prendre en
compte cette réalité. Un corps unique pourrait aussi permettre davantage
de mobilité à l’intérieur de notre ministère, plus de fluidité dans la
carrière, dans les fonctions tout en restant dans le giron rassurant et
protecteur du statut général de la fonction publique d’État et du statut
particulier du corps enseignant.
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