Pages

lundi 11 novembre 2013

Editorial de Frédéric Sève : "confondre politique et syndicalisme, une tentation récurrente"

C'est avec plaisir que le Sgen-CFDT du Lycée Lyautey et du Maroc relaie l'éditorial de Frédéric Sève, le secrétaire général du Sgen-CFDT.

image 

Éditorial de Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT, n° 223 (novembre 2013) http://www.cfdt.fr/portail/prod_174337
confondre politique et syndicalisme, une tentation récurrente...


CONFONDRE POLITIQUE ET SYNDICALISME en France est une tentation récurrente. La création par le Front National d'une structure satellite censée « représenter » les enseignants en est la dernière illustration. Rien de vraiment nouveau cependant : l'extrême droite a toujours exécré le monde syndical et tenté de lui substituer un système de représentation corporatiste politiquement soumis. Les autres forces politiques ne sont pas toujours en reste : le perpétuel entrisme de l'extrême gauche en direction des syndicats relève aussi d'une volonté de subordination de la représentation sociale à la démarche politique. Même les partis de gouvernement, une fois dans l'opposition, aiment flirter avec le mouvement social dont ils contestent la légitimité quand ils sont aux affaires.
...une carence dangereuse du débat public actuel

Mais derrière cette stratégie de la confusion, émerge aussi une curieuse inversion des rôles traditionnels. Tout se passe aujourd'hui comme si les partis politiques, du moins quand ils sont dans l'opposition, se donnaient pour mission l'expression immédiate des peurs et des colères du moment, pour en capter l'énergie protestataire – comme aujourd'hui l'UMP sur la question des rythmes scolaires. Et abandonnaient du même coup à ceux des syndicats qui veulent bien s'en saisir la charge de penser l'intérêt général et de relier l'action collective à la transformation du réel. Pour la CFDT, qui a toujours eu une conception exigeante du syndicalisme, il peut y avoir là une forme d'hommage du vice à la vertu. Mais cela traduit surtout une carence dangereuse du débat public actuel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire