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vendredi 5 avril 2013

François Hollande au lycée Lyautey

François Hollande dans le cadre de sa visite au Maroc le 3 avril 2013 est venu au lycée Lyautey pour rencontrer la communauté française. Il était accompagné de nombreux ministres : Laurent Fabius, Nicole Bricq (commerce extérieur), Frédéric Cuvellier (délégué auprès de la ministre de l’écologie), Geneviève Fioraso (enseignement supérieur et recherche), Najat Vallaud-Belkacem (droit des femmes et porte-parole), Stéphane Le Foll (agriculture), de Jack Lang (président de l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris), de chefs d’entreprise… 19 conventions de coopération bilatérale ont été signées.

Au Lycée Lyautey, environ 1500 personnes étaient attendues. Tous les personnels du lycée ont été invités. Dans son discours, François Hollande a à plusieurs reprises évoqué le « lycée prestigieux et ses 3500 élèves », le réseau marocain avec ses 39 établissements, les 31 000 jeunes scolarisés, un « service public exemplaire pour les familles françaises et pour les familles marocaines » qui cherchent à entretenir la relation privilégiée entre la France et le Maroc ; il a salué les personnels, enseignants et non enseignants, français et marocains qui contribuent à diffuser la langue française (bientôt 750 000 000 locuteurs notamment en Afrique, "Continent d'avenir").

Donc un éloge appuyé de la francophonie « patrimoine commun » et des liens d’amitié avec le Maroc : trois lycéennes lui ont remis « Ana », un gros livre réalisé par des élèves et des professeurs, il y a quelques années, sur les soldats marocains qui ont participé aux côtés de la France aux deux guerres mondiales.


Les autres points du discours ont porté sur la politique extérieure, le Mali et la Syrie où il a montré les convergences entre la France et le Maroc et bien sûr la coopération économique. Outre les très grandes entreprises du CAC 40 présentes au Maroc, il évoque les 11 000 entreprises françaises et leurs 120 000 salariés qui participent au développement du Maroc. Il souhaite que les petites et moyennes entreprises s'intéressent encore davantage aussi au Maroc. François Hollande considère que cet engagement dans les nouvelles énergies, dans l'agro-alimentaire, le tourisme doit être vu comme une "colocalisation", puisque cela engendre des courants d'échanges favorables à la France. Il cite la participation française dans le projet de ville nouvelle durable, lui qui vient d'inaugurer la première usine de traitements des eaux du Grand Casablanca. Il voit dans ce développement du Maroc et cette coopération économique avec la France le moyen de construire ensemble des projets au service du développement du reste du continent africain. 

Il a terminé en évoquant la communauté française qui a augmenté de plus de 66 % en dix ans (cela fait des années, « ça n’a rien à voir avec mon élection » !) qu’il a remerciée pour sa contribution au développement, à la culture et à l’enseignement du Français. Il n'oublie pas cependant ses problèmes, notamment la lourdeur des frais de scolarité en suggérant au passage la question de l’attribution des bourses : "Je sais ce que représente les frais d’inscription et donc ce qu’il convient de faire pour l’attribution des bourses". Au total, les Français de passage ou résidents au Maroc permettent à l'amitié franco-marocaine de se perpétuer.

 Yamina Benguigui écoute les représentants syndicaux :

En l’absence de Hélène Conway-Mouret, c’est Yamina Benguigui qui a écouté pendant une petite vingtaine de minutes les représentants syndicaux (Snes, Snuipp, Unsa, Sud et Sgen). Étaient aussi présents les représentants du SCAC : le Conseiller de coopération adjoint : Raoul Guinez, et les chargés de mission AEFE : Girard Rochette et Guillaume Cario. Elle a assuré qu’elle transmettrait au président nos lettres et nos remarques. Il a été question de l’Isvl, et de nombreuses interventions ont porté sur les contrats locaux comme la lourdeur des frais d’inscription et l’insuffisance de leur supplément familial ou de leur exonération d’autant qu’ils sont toujours soumis au DPI (à la différence des résidents), les conséquences du décalage entre l’âge légal de départ à la retraite entre la France et le Maroc.

Le Sgen a évoqué des points précis comme à propos des contrats des locaux la discrimination qui demeure selon l’origine nationale des diplômes ; il a évoqué aussi les retards de l’AEFE à aligner les indemnités touchées à l’étranger sur celles qui existent en France (CCF en bac pro, indemnités des CPE et des documentalistes).

 

Ci-dessous, ce que le Sgen aurait souhaité dire si le temps de l'entrevue avait été plus long et si nous avions été installés autour d'une table :

Monsieur le Président,
Merci de votre visite ; merci beaucoup de nous recevoir !

Nous voulons d’abord dire que le Sgen-CFDT approuve totalement les principes qui animent les réformes que vous avez initiées ; il approuve aussi bien les méthodes, que les objectifs.

Nous suivons ainsi avec intérêt les étapes de la Refondation de l’école ; remettre l’école au cœur des préoccupations, et notamment l’école primaire et donner un cadre général, poser de nouvelles fondations à l’école ; tout cela nous paraît une ambition juste ; le Sgen-CFDT a approuvé la volonté gouvernementale de réformer les rythmes scolaires dans le premier degré, et celle de construire l’école du socle. Le Sgen-CFDT sera présent pour que maintenant que les fondations sont posées on construise les murs de cette nouvelle école.

Au niveau de l’AEFE nous ne pouvons qu’adhérer à la concertation au sujet de l’enseignement français à l’étranger, mise en œuvre par Mme Conway-Mouret, ministre déléguée aux Français de l’étranger. Dans ce contexte, le Sgen-CFDT a préparé une plateforme de propositions qui lui a été remise personnellement.

Au total, nous avons confiance dans votre volonté de réformer dans le sens de la justice sociale.

Cependant, au niveau de notre quotidien et à l’échelle du Maroc, en tant que personnels de l’AEFE, nous constatons et regrettons les écarts constatés entre l’ambition affichée de l’AEFE et probablement de la politique de la France à l’étranger et les réalités concrètes sur le terrain ; je vais citer quelques-uns des problèmes qui touchent les personnels :

On constate au Maroc (ce qui est en contradiction avec l’ancienneté de l’action culturelle de la France au Maroc) une diminution du nombre des détachés et, du fait de l’ampleur croissant des besoins, une augmentation des enseignants de droit local.

- 1- Les détachés sont très majoritairement des résidents or leur statut est très peu satisfaisant : en effet, alors qu’ils sont pour la plupart des expatriés de fait, ils ne bénéficient d’aucun des avantages des expatriés. Leur indemnité spécifique est stable, et leurs avantages familiaux sont rognés par la hausse phénoménale des frais de scolarité, liée en grande partie à la diminution de la proportion des personnels détachés, et à la politique de désengagement de l’État mise en œuvre depuis 2008.

- Au sujet de leur indemnité spécifique dite Isvl, un projet de refonte est en cours qui consiste à renforcer l’équité entre toutes les parties du monde, nous l’approuvons car nous refusons de nous laisser guider seulement par la défense d’intérêts très particuliers, sans prise en compte de l’intérêt général. Mais comme pour tous les enseignants de France, l’inquiétude naît du fait d’un pouvoir d’achat qui stagne ; de plus le défaut d’information sur l’avancée des travaux de refonte crée de l’inquiétude et des tensions.

Le Sgen-CFDT de l’étranger est favorable à une réflexion sur le statut des détachés et souhaiterait un statut unique pour tous les détachés 

- 2- Les agents de droit local de plus en plus nombreux au Maroc sont régis depuis l’an dernier par de nouveaux contrats qui, dans l’ensemble, leur apportent une situation décente mais il demeure des insuffisances et des injustices : quelques exemples : 
  • ainsi, la nationalité n’est plus un critère discriminant, mais l’origine nationale des diplômes continue de l’être. Alors que ces enseignants sont recrutés et font le même travail que d’autres, ils sont rémunérés d’une toute autre manière. 
  • Les personnels en contrat local de nationalité française peuvent scolariser leurs enfants au Lycée Lyautey, mais la plupart n’en ont pas les moyens financiers : les avantages qu’ils touchent ne couvrent pas l’intégralité des frais. Il est refusé à d’autres, de nationalité française pourtant, l’inscription de leurs enfants sous prétexte que le début de leur scolarité s’est effectué dans d’autres établissements : or le principe de la priorité aux Français devrait s’appliquer à eux aussi ! Les personnels marocains ont encore plus de difficultés s’ils veulent permettre à leurs enfants de suivre une scolarité dans le réseau : ils n’en ont pas les moyens et ne sont pas prioritaires. 
Donc Le Sgen-CFDT de l’étranger souhaite que les contrats aillent vers le plus d’égalité possible avec les personnels titulaires. 

- D’une manière générale, pour les contrats locaux, pour les résidents qui ont plusieurs enfants, et pour nombre de parents, les frais de scolarité sont très lourds : le récent dispositif réformé des bourses ne permet toujours pas vraiment aux enseignants d’en bénéficier. La prise en charge que vous avez supprimée - ce que nous approuvons totalement - ne doit pas empêcher qu’une réflexion soit menée pour aller vers la gratuité pour les personnels, assortie de prestations sociales, c’est ce que nous souhaitons. 

- 3- Au fond, il en va de la mission de l’AEFE et de son mode de gouvernance : comment continuer d’afficher des ambitions nouvelles et coûteuses en reconnaissant si peu le rôle des enseignants ? Ceux-ci participent pourtant pleinement à sa mission première qui est d’assurer un enseignement français de qualité pour les ressortissants français et pour tous ceux qui sont attachés à la culture française. Or les enseignants qui expérimentent, qui innovent, qui s’investissent sont très nombreux. Alors pourquoi ne pas reconnaître à sa juste valeur le travail qu’ils effectuent ? 
  • Ainsi, pourquoi l’AEFE n’informe-t-elle pas la communauté éducative de l’état des négociations sur la question de l’ISVL ? Cette opacité est à l’origine de rumeurs et d’une radicalisation qui fragilise l’ensemble du système. 
  • De plus, pourquoi n’agit-elle pas en sorte de permettre à tous les enseignants d’avoir les mêmes droits que leurs collègues qui exercent en France : 
                              - Ainsi, pourquoi les enseignants en baccalauréat professionnel ne bénéficient-ils pas des rémunérations pour le contrôle en cours de formation ?
                              - Pourquoi les CPE et les professeurs documentalistes ne bénéficient-ils toujours pas des indemnités professionnelles, auxquelles ils ont droit sur le territoire national, alors qu’un arrêté prêt depuis le début de l’année 2012 attend toujours la validation du ministère du budget ?
  • Et de nouveau, pourquoi les personnels de droit local qui font le même travail que les autres et œuvrent aussi au rayonnement de la France ne sont-ils pas mieux reconnus ? 

- Une raison des tensions et des points de blocage est, à notre sens, le petit nombre de sièges dans les instances représentatives qui ne permet pas la diversité syndicale.

- Le Sgen-CFDT, partisan d’un syndicalisme de négociation, et de la mise en place d’une démocratie sociale, le Sgen-CFDT de l’étranger qui représente plus de 10 % des voix dans le réseau ainsi qu’au Maroc, demande une augmentation significative du nombre des sièges des instances représentatives, de manière à ce que leur composition reflète la diversité d’opinion. 

Nous, syndicat progressiste et réformiste, sommes persuadés qu’une gouvernance plus à l’écoute des personnels serait profitable à l’ensemble du réseau, et donc à notre pays.

Nous sommes très heureux, Monsieur le président, que vous soyez venus nous rencontrer, et nous vous en remercions. Croyez que nous attachons un grand prix à votre action ; nous sommes sûrs que vous comprendrez le sens de nos remarques et que vous saurez y accorder de l’intérêt.

http://etranger.sgen-cfdt.org/spip/IMG/pdf/2013-04-03_Fr_Hollande-Maroc.pdf

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