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mercredi 6 février 2013

Syndicalisme : corporatisme, immobilisme et autres noms d’oiseaux…

Je ne résiste pas au plaisir de reprendre cet article paru dans le blog du Sgen-CFDT, qui résume tout ce que l'on aurait voulu dire.

Syndicalisme : corporatisme, immobilisme et autres noms d’oiseaux… | Le site pour la reconstruction de l'école

« Syndicats corporatistes, Immobilisme Syndical, Enseignants flemmards, Éducation Nationale irréformable » ?

Les réactions dans les journaux  aux différents mouvements qui agitent le landerneau syndical de l’éducation nationale sont révélatrices d’un monde enseignant vu à travers le prisme déformant de certaines organisations  de plus en plus déconnectées de l’ensemble de la population.

 Qu’en dit le SGEN-CFDT ?

Oui, le paysage syndical de l’Education est complètement éclaté, à cause d’une histoire syndicale complexe et de la volonté de la majorité des syndicats de se structurer autour non seulement des métiers voire des catégories, mais des niveaux d’enseignement voire  des disciplines enseignées… ce qui aboutit inéluctablement à l’existence d’une multitude de syndicats : sans faire un inventaire à la Prévert, on peut compter les syndicats des professeurs de lycée professionnel, les syndicats de professeur d’école, ceux des personnels de direction, des administratifs, des chefs de travaux… chacun se regroupant dans des fédérations diverses… Ce type de structuration empêche la construction d’une pensée collective et globale sur l’école, ses missions et de celles de ses personnels. Le terme de corporatiste  est donc adapté pour la majeure partie des organisations syndicales.


Non, tous les syndicats ne sont pas dans cette logique : le Sgen-CFDT est une fédération de syndicats territoriaux (à l’échelle régionale généralement) qui regroupent tous les personnels de l’éducation nationale, du supérieur, de la recherche », de l’enseignement agricole et de jeunesse et sports dans le même collectif.


Pendant la concertation initiée pendant l’été par la ministère de l’Education Nationale, les représentants du Sgen-CFDT ont constaté que leurs positions – construites collectivement et en inter catégoriel- étaient bien souvent en phase avec celle de la majorité des participants  (représentants de la grande diversité des acteurs et partenaires de l’Ecole – IEN et IPR-IA, maires de grandes villes ou de banlieues défavorisées, associatifs de tous bords, parents d’élèves, enseignement supérieur, etc).

Oui, certains syndicats apparaissent figés et immobiles, préférant se réfugier dans un discours catastrophiste , et annonçant –en vrac et à la louche- la disparition des COP ( Snes FSU), des LP (Snetaa- FO) , de l’égalité républicaine – qui n’est actuellement qu’un leurre- , du statut des enseignants -datant de 1950, c’est-à-dire du siècle dernier- (FO), « la primarisation » du secondaire (Snes FSU), la régionalisation des formations…

Certains accusent le gouvernement et les syndicats réformistes de vouloir vendre les élèves au grand capital- Sud solidaires-, faire le jeu du patronat – CGT Education- et de vouloir casser l’école républicaine et la République Une et Indivisible.
Ils agitent des épouvantails qui n’existent pas et surfent sur l’inquiétude des personnels déstabilisés par la perspective de changements à venir  dans leurs pratiques professionnelles et dans l’organisation des établissements scolaires ou des établissements déconcentrés… Face à une évolution indispensable et inéluctable, ils organisent le front du refus, prenant le risque de faire capoter une réforme de l’école qui pourrait sur la durée devenir très ambitieuse… A terme, ils préparent le lit de ceux qui souhaitent le désengagement réel de l’état des questions scolaires, et qui ont largement contribué à la dégradation de l’Ecole et autrefois dénoncés par tous dans un bel unanimisme.

Non, tous les syndicats ne se retrouvent pas dans ce front du refus et de l’immobilisme :
Le Sgen-CFDT s’est engagé résolument dans la Refondation de l’Ecole, en  rendant public l’ensemble de ses propositions dans un mémorandum « Construire le changement dans l’Education Nationale », s’est impliqué dans les différents ateliers de la concertation, et s’est positionné en faveur de la loi lors du vote au Conseil Supérieur de l’Education. Il continuera à la soutenir pendant le travail parlementaire en proposant des amendements pour la rendre plus musclée et novatrice. Il s’investira dans les négociations sur les décrets d’application en veillant à ce qu’ils ne détricotent pas la loi. 
 Non les enseignants ne sont pas des flemmards, les études réalisées sur le temps de travail des enseignants (tous niveaux confondus) indiquent une moyenne de 40 à 42 h par semaine.

Simplement, dans le second degré, leur cadre de travail est obsolète, défini par les « sacro saints » statuts de 1950*, inventés pour une école qui n’existe plus, dont les missions ont profondément changé, et qui accueille aujourd’hui tous les jeunes jusqu’à 16 ans… quand en 1950 on scolarisait dans le second degré à peine 1/3 d’une classe d’âge. Ce cadre ne définit que le face à face pédagogique, en considérant qu’une heure de cours est doublée d’une heure comptabilisant corrections et préparations.
Ce cadre suranné laisse de coté tout le reste, des rencontres avec les parents aux conseils de classe, en passant par les réunions d’équipe,  de projet, de suivi des élèves, les conseils d’administration…. Tout ce que l’on  appelle le travail invisible, tellement intériorisé dans l’esprit de tous que lors que l’on demande à un enseignant s’il est dans son établissement, il vous répond qu’il ne travaille pas aujourd’hui alors qu’il veut simplement dire qu’il n’a pas de cours ce jour.. !!..



Le Sgen CFDT, contrairement à d’autres, ne s’accroche pas à des statuts périmés, et veut s’engager  dans de véritables discussions sur le métier, les missions et le statut, avec l’objectif d’arriver à un service TTC – toutes tâches comprises – , et à une unification progressive des « corps enseignants », qui recrutés au même niveau doivent s’inscrire dans un corps unique rémunéré selon une même grille, dont les missions s’exercent dans des lieux de travail spécifiques avec des élèves d’âge et de profils différents.
* Note de la rédactrice : en 1950, mon père assurait sa première année de cours au lycée du Havre, et il a pris sa retraite il y a 20 ans maintenant !  Son Ecole n’était pas l’école d’aujourd’hui !

Faut-il désespérer de l’Education Nationale et penser qu’elle est irréformable ?

Le Sgen CFDT ne le croit pas :   Sur le terrain, dans les établissements, dans les écoles, dans les services déconcentrés,  nombreux sont ceux qui, quelque soit leur position et leur rôle,  innovent,  inventent et posent les jalons de l’école de demain.
Il faut que les responsables de notre ministère avancent d’une manière résolue, en s’appuyant sur ceux qui soutiennent  les choix opérés plutôt que de céder ou de reculer devant les offensives de ceux qui agitent des chiffons rouges et font écran aux véritables réalités du terrain.
Pour peu que le discours affiché et les perspectives à venir soient clairs et explicités, que le dialogue entre personnels et cadres intermédiaires s’établisse dans la transparence et le respect des procédures démocratiques,  le Sgen CFDT est persuadé que la grande majorité des acteurs du système éducatif seront prêts à s’engager  pour une véritable refondation de l’école.

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