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dimanche 17 avril 2011

Pour une définition claire et juste de nos services

Le malaise croissant des professeurs, particulièrement dans le contexte de notre lycée, provient de la demande croissante de tâches à effectuer pour lesquelles il faut systématiquement se battre pour obtenir une éventuelle rémunération.

Contrairement aux usages du lycée, et à ce qui paraît bien être la règle, l'administration a par exemple  demandé aux professeurs principaux de remplir eux-mêmes l'appréciation finale des dossiers pour l'admission post-bac. Outre le fait que la décision a été prise sans concertation aucune, notamment sans en référer ni aux intéressés ni aux représentants syndicaux, elle entérine un travail supplémentaire, assorti d'une responsabilité supplémentaire imposée aux professeurs principaux. Nous avons déjà évoqué cette question.

Qu'il ait fallu se battre pour que le travail supplémentaire imposé à tous les professeurs d'anglais et d'espagnol pour mettre en œuvre les certifications, ne soit pas gratuit (seuls les oraux devaient être rémunérés en HSE quand ils s'ajoutent aux heures de cours), qu'il s'agisse des heures pour faire passer les TPE non rémunérées pour les professeurs ayant dans l'année la charge de TPE, ou des heures gratuites de surveillance pour le concours général etc... Tous ces éléments montrent la difficulté à faire admettre la réalité du poids de ces charges qui s'ajoutent au service hebdomadaire.

Ces problèmes en apparence anodins, mettent en évidence une question de fond, celle de la définition des missions des professeurs, et notamment de ceux qui ont des charges spécifiques, professeurs principaux ou coordonnateurs de discipline et spécifiquement dans le cadre de l'AEFE.


Une lettre de 2003 de l'AEFE donne les obligations de services de tous les professeurs :

« La participation aux conseils de classe, conseils d’enseignement et réunions de travail organisées dans le cadre des activités pédagogiques de l’établissement (équipes pédagogiques, harmonisation des programmes, groupes pluridisciplinaires, etc. . .) [sic] ainsi que la réception des parents d’élèves, font partie intégrante des obligations de service.
Il en est de même de l’accomplissement des formalités administratives (bulletins de notes, livrets scolaires, surveillance des examens, etc. . .) liées au déroulement de la scolarité des élèves. »

Ce texte  est étonnant par son caractère vague ; toute nouvelle tâche est facilement intégrable à la suite de la liste non exhaustive introduite par le magnifique "etc..." Combien de réunions des équipes pédagogiques, combien de réunions interdisciplinaires, combien de réunions de travail, quelles nouvelles formalités liées au déroulement de la scolarité des élèves? Selon les décisions de l'Administration ?

Or, on sait, ô combien il est nécessaire de se réunir souvent pour mieux travailler... Mais quelles limites admettre dans le cadre de nos rémunérations, salaires, indemnités de professeur principal et heure de décharge pour les coordonnateurs?

Le rôle du professeur principal dans les collèges et les lycées est défini par la circulaire n° 93-087 du 21 janvier 1993 qui n'a plus qu'un rapport très éloigné avec la réalité de 2011.

Certes, au lycée, chaque discipline a obtenu, il y a environ 5 ans, une décharge pour un coordonnateur.  Aucune texte évidemment ne définit son rôle et la nature de ses charges.

Le texte de 2003 est suffisamment vague pour justifier toute charge supplémentaire; le cadeau de la décharge pour les coordonnateurs justifie facilement que celui-ci accepte toutes les charges qu'on lui impose....D’où l'impossibilité pour les professeurs de se référer aux textes pour réclamer que les tâches en plus du service soient rémunérées et la grande latitude pour l'administration d'en ajouter sans fin.

S'ajoute à cela, la spécificité des établissements de l'AEFE et du lycée Lyautey en particulier : car en plus du service, il y a la nécessité du rayonnement. Comment mesure-t-on un rayonnement? Comment rayonne-t-on? Où s'arrête la charge du professeur qui se doit de contribuer à ce rayonnement? Les professeurs qui mènent des actions, souvent de qualité, d'ordre humanitaire par exemple, comptent-ils leur temps mais sont-ils suffisamment reconnus pour leur engagement?


C'est bien pour cela que le SGEN-CFDT de l’étranger souhaite que tous les personnels de l'AEFE bénéficient des mêmes égards que les personnels diplomatiques et qu'il y ait, pour les personnels enseignants, une prise en compte d’un service incluant toutes les tâches, intégrant aussi les actions menées en matière de coopération éducative et de formation.

Pour faire face à ces contradictions, en attendant une transformation des statuts, il serait opportun que syndicats et administration négocient au sein du lycée sur le contenu précis des charges de tous les professeurs et sur celui plus spécifique des professeurs principaux et des coordonnateurs, en décidant ensemble de la nécessité ou non d'une rémunération supplémentaire.

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