Noter ou ne pas noter! Ou l'art de soulever de faux débats!
Philippe Watrelot fait deux excellentes chroniques (18 et 19 novembre) sur ce sujet qu'il conclut en remarquant qu'il y a "finalement rien de plus politique que la pédagogie"!
- "C’est une autre constante des débats sur l’école, il y a en France, 62 millions de spécialistes de l’École. Car on est, on a tous été concerné par l’École. Mais cela ne fait pas pour autant des usagers (qui ont bien sûr le droit de donner leur avis) des experts. Or, tout se passe comme si toutes les paroles se valaient et si les questions pédagogiques et éducatives n’étaient que des questions de “bon sens” teintées de nostalgie et d’une vison mythifiée de l’école d’antan, en déniant l’existence même d'une parole experte. On voit cela assez bien avec toute la raillerie autour de ce qui est qualifié de “jargon pédagogique”. Comme si les enseignants étaient les seuls professionnels à qui on retirait le droit d’avoir un vocabulaire technique et spécialisé. Mais il est vrai que par ailleurs on a validé le fait qu’ils n’avaient pas besoin de formation pour enseigner puisqu’il suffit d’avoir la “vocation”."
L'école est un sujet qui passionne, car il en a va des enfants, de nos enfants, de leur avenir! Quoi de plus grave, de plus crucial?
Or nous sommes tous passés par l'école et en avons gardé des souvenirs mi-figue, mi-raisin : humiliation; ennui; peur au ventre; tentation de triche; haine; fou rire; satisfaction; compétition... Et nous avons de la peine à concevoir ce que nous devons à cet apprentissage entre 4 et 18 ans. Ou bien nous avons réussi dans la vie grâce à l'école, ou malgré l'école, ou bien nous n'avons pas eu la réussite souhaitée malgré l'école ou à cause de l'école...
Nous gardons souvenir de ces profs qui rendent les copies, de la plus mauvaise à la meilleure note ou l'inverse, ou accompagnant cette distribution de paroles encourageantes ou assassines...
Nous avons eu aussi des enfants qui se sont parfaitement adaptés à l'école ou qui l'ont rejetée... considéré que leurs maîtres ou professeurs étaient plus ou moins capables de prendre en compte leur spécificité.
Professeurs maintenant, nous ne sommes jamais sortis de l'école; nous sommes plus ou moins conscients de ses dysfonctionnements. Nous sommes confrontés à de multiples problèmes, si complexes que nous préférons souvent ne pas les voir et continuer comme si de rien n'était.
Si nous nous interrogeons sur nos pratiques, notre manière d'évaluer, de noter, nous sommes tellement incapables de trouver des solutions acceptables que nous préférons abandonner.
Alors comment répondre chaque jour aux nouveaux sujets qui font l'actualité?
Faut-il noter ou pas? Faut-il plus de sciences ou pas? Faut-il enseigner la philo en seconde ou à la maternelle? Faut-il garder ou non l'enseignement de l'histoire-géo en terminale S? Faut-il pour tous un enseignement d'économie et de droit ? Faut-il en finir avec le collège unique ou non? Faut-il une discrimination positive pour l'accès aux grandes écoles? Faut-il lire la lettre de Guy Moquet? Faut-il raccourcir les vacances scolaires? Faut-il laisser les après midi aux activités artistiques et sportives? Faut-il abandonner la dissertation?
Quoi que les médias disent, quoi que les uns ou les autres en pensent, l'école doit être au centre des préoccupations politiques mais non l'objet des polémiques, reflet déformé d'un jour, des vraies questions pédagogiques.
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