Pages

jeudi 7 mars 2013

Concertation qu'ils disent



Aujourd’hui en mars 2013, la plupart des syndicats s’offusquent car le ministre de l’Education nationale prendrait des décisions sans concertations. Ils considèrent que le mode de gouvernement ne diffère pas de celui des prédécesseurs.
C’est une manière d’expliquer leur opposition, leur critique. Ils reprennent ce faisant un grief que le Sgen-CFDT faisait à l’encontre des précédents gouvernements : l’absence de concertation le plus souvent.
Or, il y a eu une concertation ! De juillet à octobre, et un site dédié à la refondation a recueilli toutes les contributions. http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/les-contributions-des-membres-de-la-concertation/
Des organisations syndicales ont produit des textes pour donner leur point de vue sur l’école qu’elles souhaitent, dont le Sgen-CFDT : http://www.cfdt.fr/upload/docs/application/pdf/2013-01/media40944_udbtsebojtzrmat1.pdf
Mais la plupart d’entre elles – celles qui s’indignent aujourd’hui du manque de concertation – n’ont pratiquement pas participé, ou participé mais rien écrit….
Pourquoi ?
Doit-on y voir le reflet d’une certaine conception syndicale, celle qu’elles s’appliquent à entretenir auprès des personnels ? d’un syndicat juste là pour informer des promotions ou des mutations ou n’ayant comme seul point de vue celui de dire NON, appliquant à la lettre la conception d’un syndicat qui défend les personnels, comme un chien défend sa maison…
Le Sgen-CFDT a la faiblesse de penser qu’un syndicat représente les personnels, fait entendre leur voix et leur conception du métier.
Par qui les personnels sont-ils trahis ? Que penser quand de fait les personnels n’ont pas été informés par leur organisations syndicales du processus de refondation, organisations qui n’ont pas fait état des débats, qui n’ont pas relayé leurs propres prises de position – parfois proches de celles du Sgen, par exemple sur le socle commun – et qui leur font croire aujourd’hui qu’il n’ y a pas de concertation.
Quel mode de gouvernement promeuvent-elles, si elles n’acceptent pas les principes élémentaires d’une démocratie sociale où les syndicats joueraient pleinement leur rôle, non d’opposant systématique, mais de partenaires dans l’élaboration d’une refondation qui de fait ne peut pas se faire sans les personnels ?

«  Les organisations syndicales majoritaires ne peuvent pas revendiquer le rôle de représentants des personnels sans en assumer toutes les fonctions, et en particulier celle de pouvoir mettre clairement par écrit toutes les positions qu’ils portent auprès du ministère. Prétendre que les personnels n’ont pas été consultés, c’est au mieux de la malhonnêteté intellectuelle, au pire la négation même du rôle d’une organisation syndicale qui est bien de porter la parole des salariés qu’ils représentent ! »  http://blog.sgen.net/reconstruirelecole/

La démocratie directe aurait-elle été si efficace ? Chaque fois qu’une concertation de cette nature a été faite, la difficulté a été à l’évidence de synthétiser et de déboucher sur des conclusions concrètes : le résultat n’a jamais été à la hauteur des espérances. Des années après, on ne décèle jamais de nostalgie dans l’évocation de ces moments mais plutôt du désabusement voire du cynisme : à quoi bon ! On ne nous écoutera pas ! Et au fond, avons-nous vraiment envie de nous réunir, (maladie de la réunionite), voire voulons-nous vraiment qu’on nous demande notre avis ? Sommes-nous capables de dégager un consensus ? Ne savons-nous pas la vanité d’une telle entreprise ? N’avons-nous pas intégré notre incapacité à réfléchir et construire ensemble ?

Alors ? Ayons des organisations syndicales courageuses, qui n’agissent pas uniquement à l’aune de considérations électoralistes ! qui ne surfent pas sur les peurs des personnels, qui osent saisir toutes les opportunités offertes par les temps de concertation, dans les instances, par écrit ou verbalement….

3 commentaires:

  1. Certains doivent penser qu'il est plus facile de taper du poing plutôt que de commencer à réfléchir ensemble de manière constructive. Les commentaires entendus chez certains grévistes regrettant l'absence de concertation est effarant.Que veut-on vraiment?

    RépondreSupprimer
  2. "Des années après, on ne décèle jamais de nostalgie dans l’évocation de ces moments mais plutôt du désabusement voire du cynisme"

    Ah mais non !
    Moi j'ai la nostalgie de la grande concertation de 1983, la seule à laquelle j'ai eu l'occasion de participer… j'étais lycéen, et c'est dans mes souvenirs, la seule fois (hors conseils d'établissement) où j'ai eu l'occasion de m'asseoir à une table en compagnie des profs, du personnel et des parents… à la grande surprise des profs et du personnel à qui j'ai eu l'audace de rappeler qu'ils étaient un peu moins nombreux que nous à fréquenter ce beau lycée, et que j'étais le représentant élu de plus de 2000 élèves…
    C'était le bon temps… 1983, lycée Descartes, à Alger.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'était il y a bien longtemps !
      J'étais déjà du côté des profs,très jeune et encore plein d'illusions!
      Vous y croyez aujourd'hui à une grande concertation comme celle-là ?
      Toutefois, en effet, une fois la loi définitivement votée, il parait souhaitable que des consultations larges aient lieu pour la mise en place de toute une série de décrets sinon on sera dans la situation d'un édifice dont les fondations seront posées mais dont on attend toujours les murs... http://blog.sgen.net/reconstruirelecole/?p=501

      Supprimer