La journée d'échange pédagogique
au lycée Lyautey
avec Julien Duruisseau
22 janvier 2016
Organisée par la section du lycée Lyautey et le Sgen-CFDT de l'étranger (secrétaire général Alain Schneider), cette journée a été menée par Julien Duruisseau (Prof d'italien. Secrétaire fédéral du Sgen-CFDT. Membre du CSE. Militant du Sgen-CFDT Champagne Ardenne).
1- La matinée est consacrée au collège.
Une grosse vingtaine
de présents représentent pratiquement toutes les disciplines, avec des personnels de direction collège. Le but du
Sgen en organisant cette journée est de poser les problèmes, d'échanger sur eux
et sur les moyens de mettre en œuvre la réforme ; nous pensons
qu’il vaut mieux agir ensemble pour ne pas subir une réforme et ses modalités,
imposées d’en haut. Il en va de nos conditions de travail.
Julien
Duruisseau explique que le Sgen a certes globalement soutenu cette réforme qui va dans
le sens du collège pour lequel il se bat depuis longtemps, mais qu’il n’est pas
en accord sur tout et que surtout il est vigilant sur les modalités
d’application. Ainsi le
principe d’autonomie, qui signifie qu’une part des horaires élèves doit être
décidée au sein de l’établissement nous convient.
Le Sgen-CFDT met l’accent aussi sur la notion de
« partage » : le Sgen-CFDT a produit des outils, créés non par
une « technocratie syndicale parisienne » mais par des enseignants
« de terrain ».
Il est très
soucieux des conditions de travail : une formation contribue à une amélioration
des conditions de travail car on échange, on discute, on prévoit en
amont…
Les participants
se présentent et posent leurs attentes, leurs expériences, leurs inquiétudes.
·
Comment faire dans un si gros lycée ?
·
EIST : comment l’installer sur toutes les
classes, comment former les collègues ?
·
Par où commencer ?
·
En EPS, comment articuler cycle 3 et cycle
4 ; les programmes et les EPI sont vagues. Quel temps de pratique pris par
les EPI ?
·
Sciences physiques : comment articuler EPI,
AP et programme et cours.
·
En français, comment évaluer par cycle, quelle
graduation ?
·
En Hist-géo, quel temps de concertation, quelle
continuité les années suivantes ? Concertation hebdomadaire ?
·
Techno : comment faire converger les vœux
et la politique du chef d’établissement ; quelles réflexions en France ?
·
Mieux comprendre.
·
Une seule demi-journée banalisée ?
·
Comment faire de l’AP avec 30 élèves ?
· Être pragmatique : comment utiliser cette
réforme pour améliorer ce qui existe sans trop bouleverser ?
·
Comment faire comprendre aux collègues qu’il
s’agit d’appliquer le socle ?
Julien
Duruisseau explique que le ministère pour construire cette réforme s’est
inspiré de pratiques du terrain notamment dans l’éducation prioritaire. La
réforme du collège peut être vue comme un décret d’application de la loi de
refondation de l’école.
Il faut
comprendre que les 4 heures maximum consacrées à l’AP et aux EPI sont des modalités
pour acquérir les programmes et sont intégrées dans les horaires disciplinaires.
Il ne s’agit ni des IDD, ni des TPE ; on n’invente pas de nouveaux
contenus : cela se rapproche plus de « Histoire des Arts ».
EPI :
enseignements pratiques interdisciplinaires ; "enseignement" car il s’agit
de faire passer des éléments des programmes ; "pratiques" car cela renvoie
à l’idée de production d’un projet, pas d’un devoir écrit classique.
Cela systématise des pratiques qu’on menait parfois par affinités.
L’AP
pose problème car c’est la même appellation qu’au lycée, avec les trois
volets : remédiation ; approfondissement ; accompagnement. L’accompagnement
est le plus mal connu et pose le plus problème : comment ne pas empiéter
sur les autres personnels (CPE, orientation…) ?
Il ne
s’agit pas pour nous de remplacer l’infirmière, les CPE, les COP… mais
l’enseignant peut accompagner l’élève dans son travail d’élève.
Besoin de
concertation : le cadre statutaire avec les nouveaux statuts enseignants n’a
presque rien changé, même s’il clarifie les choses en reconnaissant que notre
travail n’est pas que le face à face avec les élèves. Le changement ce sont les IMP. Cependant, il n’y a pas de prise en compte du temps de concertation. Nous
aurions souhaité aller plus loin.
Le travail
par cycle avec de nouvelles instances :
Nous
demandons au niveau syndical, que la création d’une nouvelle instance
s’accompagne de la suppression d’une instance existante (par exemple, que le
conseil de cycle remplace le conseil de classe).
Les
différents types de conseil :
Conseil
école-collège, où l’on travaille sur les parcours ; la liaison CM2/6ème
est un gros souci pour les élèves, avec le problème d’harmonisation entre les pratiques
de l’école et celles du collège ; donc les profs de collège peuvent préciser
ce que les élèves devraient avoir vu à l’école primaire, les PE sont aussi
parfois demandeurs d’info sur les directions à prendre.
Conseil de
cycle : Il y a déjà des conseils de cycle 1, de cycle 2 et de cycle 3
(CM1 à 6e). Il n’est pas prévu de conseil de cycle 4, où l’on
réfléchit sur l’aspect curriculaire du cursus.
Évaluation :
Les EPI
doivent être évalués, ils ont été institués pour être faits ; notre système
est construit sur l’évaluation, cela peut les rendre plus légitimes aux yeux
des élèves et des familles. L’évaluation ne change pas fondamentalement avec la
réforme du collège.
L’architecture
du DNB change ; il est évalué sur 700 points.
- un contrôle final des trois pôles :
humanités, Sciences et maths, déclinés en plusieurs matières. S’ajoute une
épreuve orale : la présentation d’un projet seul ou en groupe, issu des
EPI ou d’un parcours. L’ensemble du contrôle final vaut 350 pts.
-
350 points dévolus au contrôle continu qui
valide les compétences des 5 domaines du socle selon 4 niveaux de maitrise.
Certains
regrettent comme en EPS que des disciplines ne soient plus évaluées dans le
contrôle final ; mais l’idée est qu’un élève doit être évalué globalement.
Toutes les disciplines sans exclusive participent aux compétences et à leur
évaluation.
Discussion
sur l’évaluation en contrôle continu : le système reste hybride. Discussion sur
les modalités de validation des compétences. A priori, ce serait fait en
conseil de classe.
Le livret de
compétences est officiellement enterré, c’était une usine à gaz, les élèves n’y
comprenaient rien…
Temps de
concertation : le Cocac est ouvert à plus d’une demi-journée de concertation. Il faut tenir compte des contraintes établissement…
Présentation des outils :
Tableur
sur le calcul des marges d’horaires : il y a une globalisation mais ce ne
n’est pas forcément un problème sur des établissements comme les nôtres. Des
choses sont possibles. Par exemple, en sciences, dans un certain établissement,
les collègues avaient décidé de faire les dédoublements sur demande.
On souhaiterait qu’un temps de concertation
soit prévu pour partager les « marges horaires » au lycée Lyautey ? Est-ce que
le conseil pédagogique pourrait traiter cette question ?
Sur
l’organisation des EPI : 8 thématiques, 6 à faire sur le cycle, 2 par an.
A priori, le
plus simple serait de figer les choses sur une cohorte (prévoir sur 3 ans). C’est
11% du temps de travail des élèves. Il faut être raisonnable, modeste.
Élaboration d’un EPI : On peut avoir plusieurs projets sur un même thème. A priori, un EPI
n’engage pas tous les enseignants d’un même niveau. On a le choix le
rentrer dans un EPI ou non. Tous les profs d’un même
niveau n’y sont pas contraints.
Les EPI
peuvent être pratiqués a minima (ce qui serait dommage) avec simplement à un
moment une approche interdisciplinaire, convenue avec une ou plusieurs autres
disciplines, ou avec toutes les déclinaisons possibles jusqu’à la co-animation
ou des semaines EPI… Il n’y a pas d’obligation de réussite dès la première
année ; il conviendra de mutualiser.
Planning Lyautey : en avril tout devrait être
prévu, a priori ce serait des thèmes de pôles par année, avec probablement des
associations disciplinaires imposées.
Julien
Duruisseau a donné des documents aux participants.
Listing
des compétences du cycle 4 : tableau dynamique qui croise les compétences.
Des fiches
pour organiser sa réflexion pour le choix des EPI en fonction des disciplines.
L’objectif de
cette matinée, trop courte, a été de dédramatiser ; la réforme n’est pas
une révolution ; les approches disciplinaires changent dans la mesure où
il faut raisonner par cycle et par compétences, ce que de nombreuses
disciplines pratiquaient déjà. La vision doit être curriculaire.
2- L’après midi nous avons réfléchi au
bilan de la réforme du lycée notamment l’AP :
Le bilan que
le ministère mène en ce moment ne débouchera sur aucune modification sauf
consensus entre les acteurs ! Il y a quand même des choses à faire
localement.
Les TPE ne
font pas l’objet de discussion car le bilan ne porte que sur la dernière
réforme du lycée (réforme dite « Chatel »).
En théorie,
les enseignements d’exploration avaient pour but de rééquilibrer les
filières, de permettre aux élèves d’expérimenter une matière a priori hors
de leur « destin scolaire ». Si on prend en compte l'objectif de rééquilibrer les
filières notamment vers la filière L, d'un certain point de vue la réforme a échoué. La filière L reste toujours peu attractive à Lyautey (avec des classes de 17 à 33 selon les années) ; en
France, 18% des effectifs en L, 51% en S, 31% en ES). La filière S continue à être
vue comme la seule filière généraliste en termes de débouchés.
Orientation
de seconde : un collègue fait état du fait que les avis de passage du conseil de
classe sont trop souvent détournés. Un autre expose son expérience de PP de seconde où on a
toujours 3-4 élèves qui forcent pour aller en S, le redoublement sert peu, on
arrive cependant un peu plus facilement à convaincre les élèves à aller en STMG.
AP : Qu’est-ce
qui est fait sur l’orientation ? Venue de la COP, en AP de seconde
(identification de ses capacités, travail sur les représentations, venue
d’anciens élèves), forum des métiers. Les services de l’orientation sont très actifs. Expérience
passée : entretiens personnalisés des élèves de seconde intéressants mais
chronophages, avec des questionnements éthiques : quel
est le positionnement du prof .
Leviers de
l’AP: organisation par projet, identification de la personne responsable,
évaluation des activités, innovation dans les pratiques pédagogiques et organisationnelles.
Dans
l’établissement ? Se pose le problème du
repérage de besoins ; des activités marchent, d'autres beaucoup moins… Il faudrait s'inspirer de ce qui marche.
En 1e :
AP difficilement lisible ; notamment les professeurs principaux ne sont
pas intégrés.
Discussion
sur l’organisation du lycée : problème d’organisation en conseil
pédagogique qui jusqu'à présent est une machine très lourde… Des groupes de travail seraient pertinents.
Projet
d’établissement : l’important est de mettre en correspondance des
priorités et des moyens.
Il serait
important que l’autonomie et la motivation à travailler en AP croisent les
objectifs du projet d’établissement.
Devinette :
RépondreSupprimerQuel est le monstre qui « fait exploser, « fait flamber » ; « nuit gravement » ; « ronge » ; « mutile » ; « attaque » ? Quel est cet ennemi impitoyable contre lequel il est urgent de se prémunir et contre lequel par œuvre de salubrité publique il est vital et salutaire de mettre en garde des esprits faibles et influençables ?
Les retombées radioactives de l’explosion d’une centrale nucléaire ? Le terrorisme ? L’usage de la drogue ? Une secte fanatique ? Le sida ?
Non, vous avez perdu ! Vous faites sûrement parti de ceux qui sont atteints par cette maladie, sont déjà intoxiqués ou simplement de malfaisants propagateurs de ces poisons, virus ou encore de dangereux responsables de ces autres risques cataclysmiques…
Alors, qui vous ronge, vous mutile, vous tue à petits feux ?
C’est la réforme du collège ! Vous ne l'aviez pas deviné ! Nous ne l'avions pas deviné.
Alors, merci mille fois à ceux qui veillent sur nous, nous prémunissent et peut-être, tant qu’il en est encore temps, nous sauvent ! Merci à eux !
Car elle vous prend de manière insidieuse, vous empoisonne, vous convertit, vous intrigue, vous voulez savoir, vous voulez comprendre, vous vous dites pourquoi pas… Heureusement de preux chevaliers sont là pour vous sauver in extremis, vous qui avez failli vous laisser prendre.
En diffusant ce vendredi 22 janvier 2016 une image [dont l’outrance nous inciterait à la lire au second degré] (http://www.lille.snes.edu/IMG/pdf/affiche_26_finale_a4_c.pdf), nos sauveurs, aux abois devant tant d’inconscience, n’ont pas hésité à nous mettre en garde, à mettre en garde ceux qui loin de ces visions apocalyptiques, loin de ces propos anxiogènes, sont venus participer ce même vendredi 22 à un échange pédagogique pour agir plutôt que devoir subir avec Julien Duruisseau de la Fédération des Sgen-CFDT s’est appuyé sur des outils et des propositions élaborés par des militants du terrain pour nous permettre ce vendredi de préparer la rentrée dans les meilleures conditions possibles. Il les a diffusés largement.
Le Sgen-CFDT interpelle sans trêve le ministère pour dénoncer les déficiences de la mise en œuvre, du pilotage local et de l’accompagnement des cadres de proximité. Mais plutôt que de hurler contre cette réforme, plutôt que de la saboter, le Sgen juge plus responsable de permettre sa mise en œuvre dans les meilleures conditions.
Que les collègues qui sont venus soient remerciés !
https://sgen.cfdt.fr/portail/sgen/action-syndicale/changer-l-ecole/reforme-du-college-dossier-complet-srv1_264186