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dimanche 19 octobre 2014

Le Sgen-CFDT s'entretient avec Philippe Couturaud ...



Entrevue du Sgen CFDT avec Philippe Couturaud, conseiller culturel adjoint, Rabat, 16 octobre 2014, 14h00- 15h15
Présents :
- SCAC : Philippe Couturaud, Dominique Deschaud
- Alain Schneider, secrétaire général du Sgen-CFDT étranger, Claudine Pierre, Sgen-CFDT Maroc

Cette rencontre poursuit une première entrevue qui s’est déroulée mardi matin pendant 30 minutes avec Philippe Couturaud et Guillaume Cario, son adjoint. Alain Schneider était accompagné de Pascal Dupuis.

Ce que Philippe Couturaud a voulu surtout nous faire savoir, c’est qu’il élabore un plan d’action de 3 ans pour le Maroc. Estimant que si un Inspecteur d’académie a été mis à la tête du système scolaire français, c’est pour y faire quelque chose. Contrairement à ce qui se serait passé avant lui, il estime indispensable de procéder à un constat détaillé de la situation présente et de réfléchir à l’avenir sur cette base. Peu disert sur le contenu concret de son plan malgré notre insistance, il répète vouloir mener une véritable politique, grâce à une autre gouvernance.

Il regrette qu’année après année, on reconduise sans réfléchir la situation antérieure, sans aucune vision de l’avenir. Il souhaite qu’à rebours des habitudes, on puisse rendre compte de la situation réelle au Maroc. Il reconnait qu’agir au Maroc est plus compliqué que dans les postes qu’il a eus auparavant (qu’il se plait à rappeler), par exemple à Mayotte car il n’a pas totalement les mains libres, la gouvernance est pilotée par l’AEFE.
Donc, ce qu’il souhaite, c’est analyser précisément l'offre d'enseignement français au Maroc en prenant en compte son hétérogénéité, faire adhérer chaque réseau particulier, AEFE, OSUI et les autres types d'enseignement homologué (qu’il veut pousser à signer des conventions avec l’AEFE) à ses constats pour avancer. Un premier jet de son plan a été lancé lors du séminaire de rentrée des chefs d’établissement. Il s’agit, dit-il, de savoir ce qu’on veut faire de chaque structure ; il s’agit de réfléchir au devenir de l’ensemble.
Les structures sont de fait très différentes ; le périmètre de l’AEFE est constant, l’OSUI a plus de marges de manœuvre et d’évolution. Comment faire face à l’augmentation du nombre de la demande, sachant qu’on ne peut avoir de postes supplémentaires (AEFE), puisque sur le plafond d'emplois  s'applique.
L’absence d’analyse objective dans le réseau aboutit à des situations aberrantes : M. Couturaud se dit frappé par la perte de liens avec la France, du fait notamment de l’enracinement de nombreux enseignants dans leurs postes ; par le fait qu’on pose mal les problèmes : notamment celui des droits de scolarité qui, il le rappelle, sont encore bas, mais dont il ne faut pas tout attendre. Il souhaite imposer une obligation de performance à chaque établissement, on ne peut satisfaire toutes les demandes par exemple en reconduisant chaque année les moyens sans se demander s’ils sont justifiés et efficaces ; comme le maintien de petits effectifs dans des options rares.

Il est satisfait d’avoir déjà apporté des solutions à des situations anormales dont il a hérité comme unifier les règlements intérieurs de tous les pôles et faire des enseignants d’arabe dans le premier degré des enseignants comme les autres, avec les mêmes obligations de service, la même pédagogie qui doit être encadrée par l’IEN comme pour les autres langues, qu’ils puissent travailler en barrettes par groupes de compétence. Il a produit une note verbale pour que le texte de convention avec le Maroc soit rediscuté car on ne peut plus sous prétexte de nationalité imposer 5 heures d’arabe à des non arabophones par exemple. Il compte donc poursuivre ultérieurement son action dans le second degré.
Le fait que des enseignants expatriés aient la fonction de conseiller pédagogique – il les nomme ainsi – va de soi ; il ne comprend pas les réticences par rapport à leur mission ; ils doivent pouvoir entrer dans les classes ; mais leur rappeler sans cesse qu’ils ne sont pas des inspecteurs n’a guère de sens.


Parmi les autres sujets abordés, on peut relever que M. Couturaud nous a assuré que malgré le retard initial, la consultation relative au socle commun de connaissances de compétences et de culture se déroulerait également dans les établissements du Maroc.

Il faut bien reconnaitre que M. Couturaud entend peu ce qu’on cherche à lui dire : il a montré sa réticence à associer les organisations professionnelles et le Sgen-CFDT en particulier, à l’élaboration de son plan de 3 ans car la gouvernance est si compliquée qu’il préfère aller le plus loin possible dans sa construction ; ce n’est que lorsqu’il aura tout préparé et tout pensé qu’il tiendra au courant les partenaires. Donc malgré notre insistance à être consulté en amont, il est resté plus qu’évasif.
Il ne cherche pas à comprendre ce qu’on lui dit sur les EEMCP2 ; il s’en prend facilement aux enseignants « conservateurs », à ceux au Maroc qui ne « vivent pas dans le vrai monde ».
Au total, le Sgen-CFDT a demandé à être associé à la réflexion sur le plan de 3 ans, et a rappelé son attachement au dialogue social. Nous avons insisté sur la nécessité d’une formation continue de qualité notamment pour les enseignants d’arabe, nous avons remis en perspective certaines caractéristiques marocaines pour mieux percevoir la situation actuelle, nous avons rappelé notre attachement à une offre scolaire diversifiée notamment la filière professionnelle et technique (M. Couturaud pense qu’il serait pertinent de créer à Lyautey une classe préparatoire économique ouverte aux élèves de sections technologiques et professionnelles), notre combat pour développer les CHSCT, rares lieux de concertation où l’on travaille vraiment ensemble, sans affrontement, pour la recherche de solutions.

Mais, même s’il ne le dit pas clairement, son discours laisse penser qu’il y aura des évolutions à courte échéance : rationaliser, donner plus d’efficacité,  très vraisemblablement par une diminution du nombre de postes de détachés. En ce qui concerne le dialogue avec les organisations professionnelles, il semble peu enclin à entamer de vraies discussions cette année, tant il est persuadé d’avoir permis de grandes avancées l’an dernier. Il est resté évasif sur la complémentaire retraite des agents de droit local français.

Donc, si le Sgen-CFDT approuve le principe d'une analyse objective du réseau de l’enseignement français au Maroc, si on ne peut s’opposer a priori à l’objectif de construire un réseau plus efficace, étant persuadé qu’on ne peut penser l’enseignement français à l’étranger indépendamment d’une vision d’ensemble, qu’on ne peut ignorer la situation budgétaire de la France, il est cependant à craindre que ce seront les chefs d’établissement sous la direction de M. Couturaud et ses adjoints qui établiront les faits "objectifs", à partir desquels le constat sera tiré et les objectifs à atteindre fixés et que les personnels ne seront guère entendus.

Le Sgen-CFDT saura rappeler qu'il ne veut pas que l'avenir du réseau au Maroc échappe à ses acteurs, notamment les enseignants. 

Pourquoi pas une vaste concertation de l'ensemble des membres de la communauté éducative du Maroc à l'image de celle qu'a organisée naguère Hélène Conway lorsqu'elle était ministre déléguée aux Français de l’étranger sur l'avenir de l'enseignement français dans le monde ?

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