Après les rythmes à l'école primaire et récemment les négociations sur les métiers, la refondation de l'école démarre un nouveau chantier : celui des programmes !
Dans le cadre des négociations sur nos métiers, à propos des enseignants de CPGE, nous venons de voir se renouer l'alliance contre-nature entre les conservateurs-traditionalistes qui n'ont d’yeux que pour la merveilleuse école d'antan et ceux de l'autre bord prompts à voir dans toute réforme la preuve des dérives néo-libérales ; elle avait si souvent fonctionné dans le passé (voir le livre d'Antoine Prost) et encore il y a peu de temps, au moment de la suppression de l’histoire-géographie en TS.
Le ministre a choisi d'attendre. Espère-t-il que les esprits s'apaisent et qu'alors un simple petit geste pour les rassurer suffira à les convaincre d'accepter? Ou devant le tollé soulevé, a-t-il déjà prévu de laisser tomber cet effort de redéfinition des métiers enseignants ?
Alors que les deux premiers temps de la refondation ont soulevé des montagnes de mécontentements, et que les débats sont loin d'être clos, comment penser que la tâche de révisions des programmes puisse aboutir ?
VOIR LA SUITE
Peut-être parce que Pisa est passé par là, mais surtout parce qu'il semble que nous sommes de plus en plus nombreux à dire que l'école doit être transformée : la question des programmes est au cœur de cette transformation. Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir compris que réduire le nombre d'élèves par classe est une bonne chose sans doute, mais que cela ne résoudra rien fondamentalement.
Et nous sommes de plus en plus nombreux à partager l'idée qu'il faut en finir avec un enseignement qui juxtapose des disciplines, des professeurs, avec des exigences méthodologiques différentes et complexes et qui repose sur une accumulation de connaissances.
Et en ce sens, la démarche annoncée par le Conseil supérieur des programmes (CSP ) de ne plus raisonner en programmes parfaitement définis, pour chaque discipline, avec des attentes énormes en termes de connaissances et de méthodologie, comme si chaque discipline était une fin en soi, comme si au collège ou au lycée, on formait de futurs mathématiciens, physiciens, ou historiens... permet enfin de faire un énorme pas en avant.
Que le CSP parle de réfléchir en terme de curriculum, ce qui suppose une approche plus globale, est une révolution. Il s’agirait de sortir d'une somme de contenus à acquérir et de passer à une réflexion sur les objectifs à atteindre, ce qu'il est important qu'un élève, bientôt un adulte ait acquis pour son avenir.
Tout enseignant sait qu'il y a un abîme entre ce qui est prescrit dans les programmes actuels et ce que les élèves en moyenne acquièrent ; tout enseignant sait que ce n'est pas uniquement parce que le niveau baisse, ni à cause de la massification de l’enseignement, ou du collège unique.
Le président du CSP, Alain Boissinot, explique pour le Café pédagogique qu'on "va partir d'un cadre d'ensemble, par exemple un cycle, avec des champs disciplinaires plus larges que les disciplines traditionnelles. Après on "déclinera en disciplines quand ce sera nécessaire", au lieu de solliciter chaque discipline l'une après l'autre comme par le passé.
Risque t-on de nouveau de voir se lever chaque groupe de pression des traditionalistes, en passant par les associations disciplinaires et peut-être des syndicats rejetant le "lycée light" ?
Si chacun d'entre nous peut avoir le sentiment qu'il faut faire vite, le ministère annonce chacune des étapes (voir ci-dessous) dont une consultation au printemps.
Peut-être est-ce infondé, mais en tout cas, on peut sentir un frémissement : une forme d'adhésion à cette nouvelle manière d'envisager les programmes ?
Il faudrait que nous commencions sérieusement à accepter l'idée que la justification de notre métier ne se trouve pas dans le maintien ad vitam aeternam, d'une façon d’enseigner, d'une façon de concevoir le métier, mais dans l'objectif d'une école plus juste et plus efficace, quitte à voir changer radicalement le cadre de notre enseignement, et notre façon d’enseigner ?
Encore faudrait-il que les enseignants soient accompagnés et soutenus par une solide formation continue (ne faudra-t-il pas que nos inspecteurs changent aussi dans leur manière de faire ?!) mais aussi qu'ils soient écoutés, entendus et qu'ils participent à l'élaboration de ces transformations.
Abandonner les programmes parfaitement ficelés par des gens très compétents pour un curriculum implique de facto qu'une grande part du contenu et des méthodes d'enseignement s'élaborera dans les écoles, collèges et lycées. Là encore cela ne peut se faire que si du temps de concertation est prévu...
Dans le cadre des négociations sur nos métiers, à propos des enseignants de CPGE, nous venons de voir se renouer l'alliance contre-nature entre les conservateurs-traditionalistes qui n'ont d’yeux que pour la merveilleuse école d'antan et ceux de l'autre bord prompts à voir dans toute réforme la preuve des dérives néo-libérales ; elle avait si souvent fonctionné dans le passé (voir le livre d'Antoine Prost) et encore il y a peu de temps, au moment de la suppression de l’histoire-géographie en TS.
Le ministre a choisi d'attendre. Espère-t-il que les esprits s'apaisent et qu'alors un simple petit geste pour les rassurer suffira à les convaincre d'accepter? Ou devant le tollé soulevé, a-t-il déjà prévu de laisser tomber cet effort de redéfinition des métiers enseignants ?
Alors que les deux premiers temps de la refondation ont soulevé des montagnes de mécontentements, et que les débats sont loin d'être clos, comment penser que la tâche de révisions des programmes puisse aboutir ?
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Peut-être parce que Pisa est passé par là, mais surtout parce qu'il semble que nous sommes de plus en plus nombreux à dire que l'école doit être transformée : la question des programmes est au cœur de cette transformation. Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir compris que réduire le nombre d'élèves par classe est une bonne chose sans doute, mais que cela ne résoudra rien fondamentalement.
Et nous sommes de plus en plus nombreux à partager l'idée qu'il faut en finir avec un enseignement qui juxtapose des disciplines, des professeurs, avec des exigences méthodologiques différentes et complexes et qui repose sur une accumulation de connaissances.
Et en ce sens, la démarche annoncée par le Conseil supérieur des programmes (CSP ) de ne plus raisonner en programmes parfaitement définis, pour chaque discipline, avec des attentes énormes en termes de connaissances et de méthodologie, comme si chaque discipline était une fin en soi, comme si au collège ou au lycée, on formait de futurs mathématiciens, physiciens, ou historiens... permet enfin de faire un énorme pas en avant.
Que le CSP parle de réfléchir en terme de curriculum, ce qui suppose une approche plus globale, est une révolution. Il s’agirait de sortir d'une somme de contenus à acquérir et de passer à une réflexion sur les objectifs à atteindre, ce qu'il est important qu'un élève, bientôt un adulte ait acquis pour son avenir.
Tout enseignant sait qu'il y a un abîme entre ce qui est prescrit dans les programmes actuels et ce que les élèves en moyenne acquièrent ; tout enseignant sait que ce n'est pas uniquement parce que le niveau baisse, ni à cause de la massification de l’enseignement, ou du collège unique.
Le président du CSP, Alain Boissinot, explique pour le Café pédagogique qu'on "va partir d'un cadre d'ensemble, par exemple un cycle, avec des champs disciplinaires plus larges que les disciplines traditionnelles. Après on "déclinera en disciplines quand ce sera nécessaire", au lieu de solliciter chaque discipline l'une après l'autre comme par le passé.
Risque t-on de nouveau de voir se lever chaque groupe de pression des traditionalistes, en passant par les associations disciplinaires et peut-être des syndicats rejetant le "lycée light" ?
Si chacun d'entre nous peut avoir le sentiment qu'il faut faire vite, le ministère annonce chacune des étapes (voir ci-dessous) dont une consultation au printemps.
Peut-être est-ce infondé, mais en tout cas, on peut sentir un frémissement : une forme d'adhésion à cette nouvelle manière d'envisager les programmes ?
Il faudrait que nous commencions sérieusement à accepter l'idée que la justification de notre métier ne se trouve pas dans le maintien ad vitam aeternam, d'une façon d’enseigner, d'une façon de concevoir le métier, mais dans l'objectif d'une école plus juste et plus efficace, quitte à voir changer radicalement le cadre de notre enseignement, et notre façon d’enseigner ?
Encore faudrait-il que les enseignants soient accompagnés et soutenus par une solide formation continue (ne faudra-t-il pas que nos inspecteurs changent aussi dans leur manière de faire ?!) mais aussi qu'ils soient écoutés, entendus et qu'ils participent à l'élaboration de ces transformations.
Abandonner les programmes parfaitement ficelés par des gens très compétents pour un curriculum implique de facto qu'une grande part du contenu et des méthodes d'enseignement s'élaborera dans les écoles, collèges et lycées. Là encore cela ne peut se faire que si du temps de concertation est prévu...
Et par là, on voit qu'une redéfinition de nos métiers est une nécessité.
Cette école que nous voulons, nous pouvons la construire ensemble.
Le Sgen-CFDT ne dit pas "attention travaux!" mais prenons chacun une bêche !
http://www.education.gouv.fr/cid74348/installation-du-conseil-superieur-des-programmes.html |
http://www.education.gouv.fr/cid74348/installation-du-conseil-superieur-des-programmes.html |
Bravo Claudine pour ton article ! Tout se tient en effet, et il ne faut pas attendre que les changements viennent d'en haut pour commencer par exemple à faire évoluer la définition de nos métiers au sein de nos établissements.
RépondreSupprimerJe m'empresse de diffuser ton article...
Hasta luego de Madrid
Dimitri