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mercredi 4 janvier 2012

excellence et quotidien des enseignants de l'AEFE

Les enseignants dans le réseau de l'AEFE, notamment ceux du lycée Lyautey se trouvent à la croisée très inconfortable de réalités contradictoires :
 - D'une part
  • les exigences de la politique officielle de rayonnement de la France à l'étranger - qui ne s'en donne pas forcément les moyens - 
  • l'image d'excellence assignée pour cette même raison à ces lycées
  • la lettre de mission accompagnant leur recrutement les enjoignant de servir cette politique
- De l'autre,
  • les difficultés de l'enseignement au quotidien notamment quand il s'agit de faire passer des programmes souvent difficiles - tel le programme particulièrement problématique d'histoire-géographie dans les nouvelles premières
  • de faire face à des classes hétérogènes dont beaucoup sont très éloignées de l'excellence affichée
  • des exigences des familles qui souhaitent que l'investissement fait en ayant pu inscrire leurs enfants "à la mission" soit rentabilisé par l'accès aux formations universitaires les plus prestigieuses
C'est ainsi que le sens qu'ils ont de leur mission pédagogique se heurte aux réalités qui souvent leur imposent de pousser les élèves à bachoter, à les effrayer pour justifier un certain prestige du "bon prof" qui leur permettra de réussir, puisque des techniques pédagogiques plus innovantes, plus soucieuses des facultés personnelles des élèves à progresser ne sont pas vraiment prises au sérieux. De fait, rien ne prouve qu'elles soient efficaces; la seule manière de mesurer l'efficacité de nos pédagogies étant à l'heure actuelle, et particulièrement dans le contexte de ces lycées de l'étranger, les taux de réussite au bac, et des mentions.
A ce titre, la réussite des élèves est effectivement éclatante.

Il n'empêche que cela se fait au détriment d'un nombre - difficile à connaître - d'élèves qui ne sont pas adaptés au système Lyautey ;  cela justifie par ailleurs le développement de techniques souvent élaborées pour s'assurer de bonnes notes et la floraison d'officines qui gravitent autour du lycée se repaissant des exigences d'excellence, et d'une demande forte de réussite pour conforter le statut social déjà bien solide de la plupart des parents.

Comment des professeurs résidents, dont les traitements - gelés comme celui de tous les fonctionnaires français, qui doivent se battre pour que leurs indemnités d’examen soient versées avant l'année suivante (saluons la rapidité exceptionnelle cette année!), pour assurer un niveau convenable à l’indemnité spécifique de vie locale (loin d'être une prime d'expatriation!), et aux avantages familiaux ( permettant de compenser les hauts frais de scolarité et d'assurer l'équivalent des prestations familiales touchées en France), comment des agents de droit local, peuvent-ils sereinement répondre à ces exigences ?

Si l'AEFE veut qu'effectivement sa mission de rayonnement à l'étranger soit aussi leur souci, il faudrait qu'elle leur en donne vraiment les moyens!

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