Quelques extraits de l'entretien de Laurent Berger donné à Mediapart :
Berger (CFDT): «La situation sociale est très grave»
Mais n’avez-vous pas pris un risque en signant le pacte de responsabilité et en validant de fait une baisse des charges pour les entreprises et une rigueur budgétaire qui va entraîner le gel de nombreuses prestations sociales ?La CFDT s’est engagée sur la baisse des prélèvements des entreprises en contrepartie d’investissements et d’emploi des jeunes, des seniors. Elle ne s’est jamais engagée sur la rigueur, les plans aveugles de baisses de dépenses publiques qui ont commencé bien avant le pacte de responsabilité. Si le patronat ne joue pas le jeu en ce qui concerne le pacte, il perdra ses baisses de charges après 2015, c’est tout l’objet de l’observatoire que nous voulons mettre en place pour s’assurer des contreparties.
Est-ce qu’on prend un risque ? Tous les matins, on prend un risque. Entre le risque de s’engager et celui de ne rien faire, laissant la société se déliter, le chômage progresser, les travailleurs se réfugier dans des votes extrémistes, nous choisissons la première option. Soit on reste dans sa posture, soit on prend des risques et la CFDT a deux avantages pour en prendre : elle sait où elle veut aller, vers une société plus apaisée, et une cohérence interne qui est forte. Nos militants sont pour le pacte de responsabilité à condition que les patrons jouent le jeu. Si ces derniers ne jouent pas le jeu, ils porteront la responsabilité de l’échec.
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Le mois de juin est particulièrement tendu sur le front social. Grève à la SNCF que vous avez jugé « inutile », mouvement des intermittents du spectacle contre la nouvelle convention d’assurance chômage. La CFDT préfère la négociation plutôt que les grèves, les manifs, la contestation. Mais cela n’est-il pas nécessaire parfois ?
Nos militants utilisent la grève mais pour obtenir des résultats, car c’est un outil de l’action syndicale si nous ne sommes pas écoutés, pour peser dans le rapport de force. On ne revient pas sur son bien-fondé. La grève, ce n’est ni vertueux ni condamnable mais il faut qu’elle soit utile. Dans le conflit à la SNCF, elle a été inutile car la réforme ferroviaire avait été discutée en amont y compris et principalement avec la CGT, majoritaire dans cette entreprise et à l'origine de la grève. Là, c’était une grève de posture qui pénalise le mouvement syndical.
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